dimanche 1 mars 2009

Les surnoms, les diminutifs et les petits noms

Quelles différences?
Un surnom est à l'origine un nom formé, par addition au prénom ou au nom d'une personne, d'un terme mettant généralement en relief ses particularités physiques ou morales: "le grand, le petit, le cochon...". Il y a une part de dénaturation de l'individu, il n'est plus perçu comme entité mais comme une vue partielle.
Un diminutif est un procédé de dérivation lexicale qui ajoute à un mot l'idée de petitesse ou de fragilité ; c'est l'opposé d'un augmentatif. Les diminutifs sont fréquemment utilisés comme hypocoristiques, c'est-à-dire pour ajouter une nuance affective, caressante au mot considéré. Ils sont ainsi fréquemment formés sur les noms propres, où ils correspondent à une forme de surnom: "Fred pour Frédérique, Chacha pour Charlotte, Max pour Maxime...". Il y a un rôle affectif que l'on porte au diminutif, une relation imaginaire qui se conserve de la sorte. L'enfant n'est pas perçu comme un individu mais comme un objet partiel.
Un petit-nom c'est un signe d'affection avec une idée, le plus souvent, d'appartenance: "ma chouchoune, ma puce, mon chou...". Le "petit nom" va de soit dans la famille, rare sont ceux qui utilisent simplement le prénom. Il y a bien un besoin de se comporter de la sorte. Une affectivisation de la relation par le biais de l'utilisation d'un petit nom. Dans un besoin de materner l'être aimé.

Dans les lectures d'ouvrages spécialisés petite enfance, les surnoms sont pris comme terme général pour toutes les dénominations précédentes et ceux-ci sont totalement proscris dans un souci de respect de l'individualité de l'enfant. "Donner un surnom, ou utiliser une appellation impersonnelle... sont un déni de l'identité. Quelle image peut avoir l'enfant de lui-même, pour la construction de son identité? Il s'agit ni plus ni moins de respect de l'individu... Évitez les surnoms permet aussi de conserver une bonne neutralité professionnelle (pas de "mon chéri")."

Ma position:
Dans mon premier lieu de travail il était absolument interdit de surnommer ou d'utiliser des diminutifs, en bref aucune affectivité dans le travail. Je ne sais pas si c'était le fait de ma jeunesse d'expérience mais je trouve avec le recul que cette stricte interdiction donnait une distance assez forte par rapport aux enfants.
Dans mon quotidien aujourd'hui je me pose souvent des questions sur le fait, non pas de surnommer car je ne le fais quasiment jamais, mais sur le fait d'utiliser les diminutifs. Et devant les articles cinglants pour ne plus jamais les utiliser je me pose pleins de questions. Car ces diminutifs je peux les utiliser pour des raisons "pédagogiques" en quelque sorte, pour établir un lien ou pour entrer en communication avec un enfant. Par contre je ne les invente jamais soit j'utilise un diminutif que l'enfant ou les parents utilisent ou encore les professionnelles.
Une auxiliaire me rapportait que lors de l'adaptation d'un nouvel enfant, elle n'arrivait pas à entrer en réel contact avec lui donc elle a utilisé le diminutif qu'utilise la mère. Ainsi elle constatait une meilleure relation. Elle racontait que le fait d'utiliser ce diminutif faisait que la relation affective était établit.
Je ne pense pas manquer profondément de respect à l'enfant que je vais nommer par un diminutif une ou deux fois dans la même journée voir pas du tout!!! Et en disant cela je vais peut être m'attirer les foudres mais tant pis. Moi qui ai connu l'interdiction et la liberté sur la question mon avis est que si chacun est totalement conscient du pourquoi il utilise ou non les "surnoms" (terme générique) il est libre de faire ces propres choix. Il ne faut pas le nier notre métier a une part d'affects, chacun doit être conscient du pourquoi de son choix du métier. Et stériliser la relation pour la rendre encore plus professionnelle je ne pense pas que cela apporte plus . Évidemment je suis contre les surnoms dévalorisant même s'ils ne sont pas émis dans ce but. Là effectivement on touche à la pensée populaire: par exemple pour une personne appeler un enfant "petit cochon" aura une connotation tout à fait anodine alors qu'elle choquerait la majorité des gens. En règle générale je n'apprécie pas le "petit nom" systématique non plus (les loulous, ma puce, louloute...).
On parle beaucoup de la collectivité et du besoin de l'enfant d'avoir plus de relations individuelles; et un petit diminutif peu montrer à des enfants qui ont l'air d'avoir besoin de cette relation plus proche que effectivement on est là pour lui et pour les autres au lieu d'être là pour tout le monde. Les puristes vous diront qu'il faut alors faire la même chose pour tous de manière égalitaire: par exemple quand on amène un groupe quelque part nommer chaque enfant individuellement par son prénom. Soyons réaliste, moi depuis que je travaille chaque jour je ne peux pas faire cela. D'une part parce que je n'ai pas forcément le temps car d'autre chose se joue dans ces moments là (de transitions) un enfant sera dans l'opposition et partira à l'opposé en rigolant, deux autres seront entrain de se chamailler pour se mettre devant, d'autre encore tenteront de prendre la main des copains, d'autre essaieront de faire le train... et je ne sais quoi encore. Les dispositions des lieux, le nombre d'enfants, les circonstances passées et à venir sont autant de choses qui entrent en compte dans la facilitation ou non des relations à un groupe. Il y a des circonstances qui nous oblige à considérer un enfant comme un élément de groupe ce qui n'empêche durant le reste du temps de les concidérer individuellement.
Je trouve les articles généralistes manquant d'humanité et de vécu. Evidement il vaut mieux en demander plus pour en avoir un minimum, on interdit tout ainsi on a un contrôle moyen sur le sujet. Mais je pense qu'il peut y avoir un discour plus humain pour expliquer les choses. Plutôt qu'un discour moralisateur interdisant tout "surnoms" proposer simplement une réflexion pour pousser chaque professionnel à entrer en réflexion sur ce thème. Est ce que chacun est au clair du pourquoi il utilise ou non des "surnoms"? En interdisant purement et simplement est ce que l'on infantilise pas les professionnels?

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